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Le rôle de Montfort, en tant que ville, se dessine dès le Haut Moyen Age; la période s’ouvre par une décision de Robert le Pieux (976-1031) d’y faire construire un château. La forêt des Yvelines est alors un apanage royal. La construction du château est confiée à Guillaume de Hainaut. La muraille du château est terminée vers 1050, Hugues Bardoule est alors le capitaine du château (d’où le nom de la porte) ; à cette période, sont édifiées l’Eglise Saint Pierre, en tant que paroisse, et l’Eglise Saint Laurent, en tant qu’église centrale.

La famille de Montfort est alors solidement installée dans la ville et des grands noms de France vont venir lui apporter du prestige. Au XIIe siècle, Bertrade, quitte son époux, le duc d’Anjou, pour suivre le roi de France, tombé sous ses charmes d’un passage dans la ville. En 1104, elle devient reine de France. Femme de caractère, elle s’impose à la cour en tant même d’imposer ses enfants à la succession au trône de France. Mais la passion de Philippe Ier et les intrigues qu’elle forma ne parvinrent pas à installer les Montfort sur le trône de France. Mais Bertrade engendra aussi un homme de prestige au cours de sa première union ; Foulques, duc d’Anjou par son père , devint en effet roi de Jérusalem.

Les Montfort s’illustrent ensuite dans les croisades, notamment dans la croisade contre les Albigeois. A l’origine de cette croisade, non voulue par le Roi Philippe Auguste, le futur Louis VIII était à la recherche de compagnons. Simon IV, seigneur de Montfort, s’engage dans la croisade ; il ressort victorieux de cet épisode que l’on peut qualifier de terrible pour les deux parties. Son fils, Amaury V, ne souhaite guère s’investir comme son père et laisse les bénéfices précédents au roi de France, et c’est ainsi que le royaume de France a pu prendre pied dans le Midi de la France, grâce à l’action de Simon de Montfort.

Les Montfort ont aussi des intérêts en terre anglaise et s’illustre notamment lors des « Affaires des Provisions ». cet épisode de l’histoire anglaise oppose Henri III à l’aristocratie, qui souhaite obtenir plus de pouvoir de contrôle sur les décisions royales. Simon, comte de Leiccester et petit-fils de Simon III de Montfort, prend la tête de l’opposition de Barons. Pendant quelques temps il obtint des droits et assura la victoire aux Barons assemblés ; mais chemin faisant les plus grands se rallièrent au roi, qui obtint victoire sur le champ de bataille. Simon fut massacré. Dans la ville de Montfort, les seigneurs continuent de suivre les rois de France aux croisades. Après Jean Ier, seule une fille permet la continuité de la famille des Montfort. Béatrice d’Albidon épouse Robert, comte de Dreux. Le nom des Montfort passe par mariage au grand, duché de Bretagne, lors de l’union de Yolande, fille de Béatrice, avec Arthur II de Bretagne. C’est à cette période qu’une école publique est créée (1298), mais aussi que la ville est laissée en tutelle à un gouverneur. On peut citer le gouverneur Duguesclin, nommé en 1318. Après la bataille d’Azincourt, en 1419, les Anglais occupent toute l’Ile de France et c’est à ce moment que le château est détruit ; nous avons retrouvé des pièces de monnaie anglaises autour du château.

En 1491, Anne de Bretagne, après la mort de son père et maintes tentatives de sauver la Bretagne, épouse le roi de France, Charles VIII. Le contrat, abdication de la Bretagne, stipule une union de la France et de la Bretagne ; si la reine venait à mourir sans enfants, le roi hériterait de tous ses biens ; dans le cas contraire, Anne les recouvrerait.

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Pour Montfort, cette union est synonyme de renouveau, car son union avec la Bretagne, vieille de 130 ans n’avait jamais été bénéfique. On peut le symboliser par la construction de l’escalier du château, l’emplacement du nouveau cimetière hors les murs et la reconstruction de l’Eglise de Montfort.

A cette période, on ne peut pas dire si Anne de Bretagne passa beaucoup de temps dans la ville et si même elle fut à l’origine de ses grands travaux. Mais force est de constater que la ville de Montfort s’embellit et continue sur cette voie avec Claude de Bretagne, elle aussi duchesse de Bretagne et reine de France. Et lorsque la reine meurt en 1524, le comté de Montfort est laissé à André de Foix, cousin de la défunte. Il est à signaler que de cette manière Montfort gardait une certaine autonomie par rapport à la couronne de France, et les travaux pouvaient se poursuivre. Construction de la Porte sud et de la Porte jumelée.

Sous la dynastie des Valois, c’est toute la région des Yvelines qui bénéficie de la faveur royale. - Henri II : construction du château de St Léger ; le duché de Bretagne, et donc le comté de Montfort sont définitivement rattachés au royaume ;
- Catherine de Médicis nommée Dame de Montfort (1561)

Lorsque les guerres de Religion éclatent (1562-1598), le roi, Charles IX, propose à la ville de s’administrer elle-même en échange de la reconstruction des remparts à ses frais. A la fin de ces guerres, le passage du futur roi, Henri IV, sur la route qui le conduisait à Paris pour prendre le pouvoir, permet à la ville de prouver sa fidélité au roi ; elle lui fournit des armes et obtient le droit de se décorer par la suite.



La période qui s’étend entre les règnes de Henri IV et Louis XIII est marquée par la venue fréquente des rois dans l’auberge des Trois Chandeliers (plainte en raison de l’étroitesse de la porte cochère) . la ville compte d’autres auberges :
- Auberge du chapeau rouge (Société Générale)
- Auberge de la Marmite du Roi (boulangerie)
- Auberge des Clefs de Saint Pierre (la Poste)
- Auberge de la Tête Noire (en bas de la rue de Treille).

Le couvent des Capucins est construit de l’autre côté du château, face au « temple » des protestants, qui marquent leur mécontentement. Mais dans la politique royale de limiter l’emprise de la réforme dans le royaume le couvent des capucins a été confié au Père Joseph (capucins habillé de « «gris », conseiller de Richelieu) afin de s’assurer son édification et son action.

Lors de la construction du château de Versailles, les bienfait se font sentir dans la ville ; elle devient lieu de résidence des hobereaux, hommes de fonction royale qui rejoignent leur manoir l’été – château de Chatelluis. On compte beaucoup d’artisans (en rapport avec le travail du bois), la production de vin (raisin, mélangé avec du jus de poire ou de pomme !!) – Pressoir de la rue de Sancé.

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La Révolution et les évènements qui la suivent sont assez troubles et difficiles à définir pour la ville de Montfort ; les textes de 1793 n’ont pas été retrouvés ; un sabotier est maire lors de la Terreur et la fait régner en enfermant dans des conditions horribles des prisonniers dans le château de Groussay. Le château est vendu, la chapelle et le couvent des Capucins sont démolis.
A partir de ce moment, Montfort est principalement la résidence des officiers en retraite. Elle est ensuite le lieu favori de passage des artistes :

- Maurice Ravel après la première Guerre Mondiale.
- Gustave Kahn, poète qui vécut dans la ville jusqu’en 1936, fit de sa maison, derrière l’Eglise, son « palais nomade »
- Victor Hugo fit un bref passage à Montfort.
Le texte de Marie-Huguette Hadrot